lundi 8 avril 2013

Mécanisme de défense

LES MÉCANISMES DE DÉFENSE:


Mécanisme de défense:


À l'origine, en psychanalyse et pour Sigmund Freud, les « mécanismes de défenses ou« défense(s) » désignaient tous les stratagèmes ou procédés dont se sert le Moi dans des conflits éventuellement névrotiques. » Ces défenses sont inconscientes et leurs usages résultent du conflit entre la pulsion et le Moi et aux caractères inconciliables d'une perception ou d'une représentation (souvenir, fantasme, etc.) avec les impératifs moraux (censure, surmoi)......

Cette acception qui met en jeu le Moi dans une perspective « adaptative » devrait être reformulée. En effet, le mot « moi » est une mauvaise traduction du « ich » allemand qui devrait être traduit - et il l'a été par certains auteurs - par « je ». Les mécanismes de défenses se rapportent dès lors soit au « je » soit au « soi » (self) lorsqu'ils mettent notamment en cause le narcissisme1.

Les mécanismes de défense de la personnalité

  • Le refoulement : on rejette dans son inconscient des idées inacceptables.

  • Le clivage : mécanisme très primitif, considéré comme la défense la plus archaïque contre l'angoisse, où l'objet visé par les pulsions libidinales et agressives est scindé en bon et en mauvais objet aux destins indépendants. Il s'accompagne d'un clivage corrélatif du Moi.

  • Le détachement : on reporte des idées et des sentiments qu’on a sur une personne sur une autre.

  • La rationnalisation : quelqu’un va trouver des raisons extérieures à lui pour expliquer son comportement en échec. (Chercher à l’extérieur de soi, la raison d’un échec).

  • La compensation : combattre un sentiment d’infériorité ou d’insuffisance par une attitude compensatrice.

  • La sublimation : dépasser des conduites inconscientes en actes acceptables. (Ex : agressivité canalisée par une ambiance de match de foot).

  • La régression : retour à des formes antérieures du développement d’un individu.

  • La projection : sujet expulse des idées qui lui sont inacceptables, mais qu’il attribue à quelqu’un d’autre.

  • L'identification : processus par lequel le sujet s’assimile à la personnalité d’autrui.

  • L'isolation : isoler la représentation de sa charge affective. La représentation est alors désaffectisée et l'affect doit trouver une autre issue, par exemple le déplacement sur une autre représentation.

  • La dénégation : le sujet peut se permettre de formuler une pensée, un désir, un sentiment précédemment refoulés à condition de nier qu'ils le concernent : "ne croyez pas que je pense ceci…". Excessive, elle appauvrit la personnalité qui est ainsi condamnée à ne pas reconnaître ce qui lui appartient, notamment sur le plan affectif.

  • L'idéalisation : elle est le résultat d'un clivage préalable où les qualités et la valeur du bon.


Mécanismes de défense psychotiques:

 Forcément très archaïques, ils concernent une relation objectale non génitalisée. Ils ont souvent valeur de symptôme. Précisons que l'autisme, état le plus morbide et le plus archaïque, n'utilise aucun de ces mécanismes: c'est un état de plaisir/déplaisir de l'enfant, cristallisé de manière pathologique.

  1. Le clivage : c'est le premier mécanisme de défense psychotique, ou primaire. Le clivage concerne soit l'Objet, soit le Moi. Dans le clivage, l'Objet est séparé en 2 parties, bonnes ou mauvaises, ayant des destins indépendants (bon et mauvais Objet). Exemple: vivre selon la réalité et la nier complètement, une partie du Moi reconnaissant la réalité et une autre partie du Moi la niant, sans qu'il y ait d'influence d'une partie sur l'autre. Dans le clivage, on préserve le bon Objet du mauvais Objet, pour éviter la contamination. Le clivage du Moi préserve la bonne partie de soi liée à la libido, de la mauvaise partie de soi, liée à la pulsion de mort (l'ambivalence est le mécanisme qui remplace le clivage dans la névrose, car le clivage est uniquement d'ordre psychotique);

  2. La projection : c'est une opération psychique qui permet au sujet de localiser à l'extérieur ce qui se situe en fait à l'intérieur de lui. Il attribue donc à une autre personne les affects dont il ne peut se protéger et qu'il refuse de reconnaître en lui-même. La projection existe aussi comme mécanisme névrotique, mais avec une localisation à l'extérieur moins vitale, moins expulsive, avec un début de reconnaissance préconsciente, tandis que la projection psychotique est plus massive, systématique, comme dans la paranoïa (la paranoïa est une psychose) dont elle constitue le principal mécanisme, utilisé de façon délirante. Le sujet nie pour lui un désir intolérable et projette ce désir sur un autre;

  3. L'introjection : opération psychique qui permet au sujet de localiser à l'intérieur ce qui se situe en fait à l'extérieur. La tendance naturelle est d'introjecter les bons Objets à l'intérieur de soi pour fortifier son Moi. La dépression mélancolique est un contre-exemple puisque l'Objet perdu, détérioré par l'agressivité du sujet est introjecté: le sujet ressent vis à vis de lui-même les sentiments qu'il avait adressés à l'Objet, et c'est l'introjection cette fois du mauvais Objet. L'introjection est l'équivalent psychique de l'incorporation, le sujet faisant passer fantasmatiquement du dehors au dedans les Objets extérieurs et les qualités inhérentes à ces Objets. C'est un mécanisme psychotique utilisé quelquefois par la névrose;

  4. L'idéalisation : le bon Objet devient parfait, idéal, afin d'être préservé du mauvais Objet. C'est un mécanisme très psychotique employé aussi bien dans la schizophrénie que dans la paranoïa (pour le patient paranoïaque hospitalisé en psychiatrie, c'est souvent le médecin-chef qui est idéalisé). L'idéalisation permet de protéger le bon Objet des pulsions destructrices en amplifiant ses qualités exagérément;

  5. Le mépris de l'Objet : l'Objet est déprécié, anéanti pour se préserver de l'angoisse résultant de la perte éventuelle de cet Objet. C'est une défense maniaque (exemple: quitter la personne qu'on aime pour éviter d'être quitté);

  6. Le triomphe : l'Objet n'a aucune valeur en lui-même. C'est l'attitude toute-puissante du sujet sur l'Objet. Contrôle omnipotent de l'Objet. S'assimile au mépris de l'Objet;

  7. L'identification projective : une partie de la personnalité du sujet s'introduit fantasmatiquement dans le Moi de l'Objet pour le contrôler, lui nuire ou chercher des satisfactions qu'il suppose y être. Cette partie appartient toujours au sujet (exemple: l'identification à l'agresseur);

  8. L'identification introjective : une partie de la personnalité d'un autre s'introduit dans le sujet pour le contrôler, lui nuire ou chercher des satisfactions. Cette partie de la personnalité de l'autre reste une partie vivante de l'autre;

  9. La régression : perte des acquisitions antérieures pour retrouver un système de relation au monde extérieur plus archaïque;

  10. Le déni de la réalité : le sujet nie une partie de la réalité qui lui apporterait de l'angoisse;

  11. La forclusion : voix, idées, visions, odeurs... que le sujet ne reconnaît pas de lui et qui reviennent du dehors pour s'imposer à lui sous forme d'hallucinations. Révèle une faille dans le système symbolique, un décrochage entre signifiant et signifié. Il n'y a pas de retour du refoulé comme cela peut se passer chez le névrosé dans le lapsus ou le rêve. Dans la psychose, ce n'est pas le sujet qui se parle, mais l'Autre qui lui parle de l'extérieur.

 Mécanismes de défense élaborés, ou névrotiques:

  1. Le refoulement : c'est un mécanisme majeur lié à la culpabilité et qui contribue à tous les autres mécanismes de défense. C'est aussi le plus complexe. Il est constitutif de l'inconscient comme domaine séparé du reste du psychisme. C'est par le refoulement que certains contenus inconscients ne parviennent jamais à la conscience, et que d'autres y retournent. Le refoulement est donc à la fois une pression/censure et un maintien. Le refoulement fait retourner à l'inconscient des représentations liées à des pulsions, et risquant de provoquer du déplaisir à l'égard du Surmoi et de la réalité extérieure. Une représentation est refoulée quand elle subit l'attraction du noyau inconscient pathogène et l'action de la censure (refoulement originaire + censure). Ce n'est jamais la pulsion qui est refoulée, mais sa représentation (la pulsion a deux aspects: l'affect et la représentation). L'émotion (l'affect) n'est jamais refoulé. La représentation refoulée de la pulsion séjourne dans l'inconscient et va s'y organiser. Elle va ainsi effectuer un travail de déformation et d'éloignement. Elle va former des rejetons qui subiront chacun un destin particulier. La charge affective, ou affect, va se lier à l'un de ces rejetons et va tenter à nouveau d'émerger, et ce sera le retour du refoulé qui s'exprimera dans les rêves, les actes manqués, les lapsus... etc. Rien ne subsistera de la représentation première si ce n'est l'affect qui va provoquer l'angoisse. Il faut considérer le refoulement comme une étape première. Le produit refoulé (nos représentations mentales inavouables) se déverse dans le ça;

  2. La formation réactionnelle : c'est une attitude qui s'oppose à un désir refoulé et qui se constitue en réaction contre celui-ci. C'est donc d'abord un refoulement, puis un contre-investissement dans un élément conscient de force égale. Par exemple un adolescent est conscient de son agressivité, mais pas de sa tendresse. Il est aussi conscient de sa pudeur, mais pas de son exhibitionnisme. Il transforme ainsi quelque chose d'inacceptable en quelque chose d'acceptable (tendresse vis à vis d'un petit frère en réaction à la jalousie agressive refoulée). Autre exemple, la personne qui passe son temps à tout nettoyer, ne peut tolérer la saleté, et réagit en réaction à son désir anal, ce qui lui permet de toucher la saleté tout en respectant son Surmoi et les exigences extérieures. La formation réactionnelle concerne essentiellement la pulsion anale et ses dérivés (conformisme, propreté, honnêteté...) pour justement lutter contre (contre la saleté, contre l'avarice, contre le désordre...). Quelquefois, il y a émergence du refoulé. Dans lanévrose obsessionnelle, ce mécanisme est typique, caricatural, inapproprié, pathologique. La formation réactionnelle peut être utilisée par tout le monde mais de façon adaptée, ponctuelle: c'est alors un "mécanisme de dégagement". Notons que la formation réactionnelle concerne l'attitude tandis que le renversement de la pulsion en son contraire concerne la pulsion;

  3. L'isolation : ce mécanisme consiste à isoler une pensée ou un comportement de son affect, de son contexte affectif. La représentation est reconnue mais ne touche pas le sujet. On retrouve ce mécanisme dans les névroses obsessionnelles, ainsi que chez les hystériques qui semblent indifférents, en réaction à une trop grande fragilité. Très souvent l'affect est dévié sur une autre représentation anodine qui deviendra obsédante (ne pas supporter par exemple le massacre des bébés phoques, et y penser sans arrêt, de façon obsédante). L'affect, qu'on ne peut pas refouler, est dévié. "Il n'a pas encore réalisé ce qui lui est arrivé" dit-on parfois de quelqu'un, sans pour autant que ce soit pathologique, mais c'est ce mécanisme de défense qui se met en place pour protéger le Moi;

  4. Le déplacement : l'affect associé à une représentation mentale dangereuse se détache de celle-ci pour s'investir sur une autre représentation moins dangereuse afin de se défouler;

  5. L'annulation rétro-active : faire en sorte que des pensées, des gestes ou des paroles ne soient pas advenues et pour cela il y a utilisation d'une nouvelle pensée ou d'un nouveau comportement ayant une signification autre ou supposée autre;

  6. Le retournement sur soi : processus par lequel la pulsion remplace un Objet extérieur indépendant par le sujet lui-même. La charge affective reste inchangée mais se retourne sur le sujet. L'affect est reconnu puis retourné sur la personne. Par exemple le sadisme se retourne vers soi et est appelé masochisme. Cela concerne principalement la pulsion agressive. Notons que dans l'introjection, c'est une qualité extérieure que l'on place en soi, tandis que dans ce mécanisme de retournement sur soi, l'énergie pulsionnelle appartient déjà au sujet mais au lieu de s'extérioriser, elle est retournée vers lui. Cela s'observe par exemple dans le suicide, ou dans l'auto-agressivité;

  7. Le renversement de la pulsion en son contraire : le but (et non l'objet) de la pulsion se transforme en son contraire, principalement dans le passage de l'activité à la passivité. Par exemple l'agressivité vis à vis de quelqu'un qu'on a aimé, ce qui est une façon de se détacher de la personne. Autre exemple, le voyeurisme qui se transforme en exhibitionnisme. Notons que dans le mécanisme du retournement sur soi, le voyeurisme devient du narcissisme, voyeurisme sur soi;

  8. La rationalisation : procédé par lequel le sujet cherche à donner une explication cohérente, logique, acceptable, morale à une attitude, un sentiment dont il ne perçoit pas les véritables motifs. Cela permet d'expliquer un fonctionnement ou un comportement autrement qu'en recourant à l'affectif, autorisant ainsi une satisfaction pulsionnelle culpabilisante. Le Surmoi cherche des appuis moraux, politiques ou religieux pour renforcer les défenses du Moi. On parle aussi d'intellectualisation, dont le but est de maîtriser en mettant à distance les affects. C'est jouer avec les mots et les idées pour mettre de côté les pulsions;

  9. La dénégation : procédé par lequel le sujet exprime un désir, une pensée, un sentiment jusqu'ici refoulé tout en se défendant, en niant qu'il lui appartienne. C'est une négation de précaution qui met en fait l'accent sur ce qui est important: "je vais vous dire ce que je ne suis pas" (c'est en fait ce que je suis). On présente son être sur le mode de n'être pas. Il y a une certaine acceptation du refoulé qui subsiste cependant sous la forme de négation. La dénégation est un moyen de prendre connaissance du refoulé, une sorte d'admission intellectuelle avec une inadmission affective. Le Moi est en méconnaissance dans la connaissance. Répugnance à s'identifier à ce qu'on vient de dire;

  10. La sublimation : mécanisme concernant des activités intellectuelles, artistiques ou religieuses. La sublimation porte sur les pulsions partielles libidinales qui ne parviennent pas à s'intégrer dans la forme définitive de la génitalité. Il n'y a pas de refoulement (ce n'est donc pas à proprement parler un mécanisme de défense) mais une conversion de ces pulsions dans un but non sexuel qui revalorise le sujet. La sublimation ne se fait pas sous la pression du Surmoi mais est de l'ordre de l'idéal du Moi. Il n'y a pas de culpabilité mais plutôt du narcissisme. Trois caractéristiques: déplacement d'Objet, changement de nature de la pulsion, l'Objet visé est socialement valorisé. La sublimation dévie les pulsions sexuelles vers un Objet socialement valorisé;

  11. L'inhibition : évitement d'une situation qui révèle en nous des pulsions pénibles.


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